Il n'y a pas de vertu à tromper le public sur les armes à feu

23 février 2018

Il n'y a pas de vertu à tromper le public sur les armes à feu

Tromper le public sur les armes à feu

Aussi étrange que cela puisse paraître, le débat sur les armes à feu au Canada est une fois de plus enflammé par une fusillade de masse dans un autre pays. De nombreuses personnes ayant une compréhension limitée du sujet peuvent difficilement se retenir de grimper au plus haut sommet pour agiter une chemise ensanglantée et pointer du doigt des millions de personnes qui n'ont rien fait pour influencer cet horrible événement. C'est la quintessence de l'hypocrisie et de l'égoïsme. L'idée est toujours la même : tirer parti de la souffrance inimaginable des familles et des victimes pour soit élever son estime de soi, soit promouvoir des politiques mal informées tout en atténuant tout examen réel de ces politiques.

Maintenant que notre coup de semonce idéologique a été lâché, entrons dans le vif du sujet.

Dans un article d'opinion paru dans le Globe and Mail, Peter Donolo fait part de ses réflexions sur les événements horribles survenus en Floride tout en citant un sondage de sa propre entreprise. On pourrait être pardonné de faire confiance à l'opinion d'une personne ayant le pedigree de Donolo, qui a travaillé dans une certaine mesure avec un ancien premier ministre, entre autres nominations très en vue. Cette légitimité implicite, associée à une exposition nationale, s'accompagne toutefois d'une certaine responsabilité. Dans ce cas, elle semble ignorée. Faisant fi de l'ironie, M. Donolo accuse les Canadiens de croire "avec suffisance" que nous sommes supérieurs en raison de notre absence de comportement inapproprié impliquant l'utilisation d'armes à feu. La "suffisance" est certainement un élément central de son article.

Tout en proposant des conclusions inspirées des statistiques, il commence par nous induire en erreur en affirmant que si l'on retire suffisamment de pays de l'analyse, le Canada est le premier pays où l'on peut être tué avec une arme à feu. Il omet commodément de préciser que le nombre moyen d'homicides par arme à feu au cours des dix dernières années est d'environ 170 par an. Ce chiffre est similaire au nombre de Canadiens blessés par la foudre dans notre pays chaque année ; ce nombre est de 140. Même si le fait d'être assassiné avec une arme à feu est étonnamment rare au Canada, vous ne le sauriez jamais si vous vous fiez à la couverture médiatique de la semaine dernière. Il a fallu environ cinq minutes de recherche sur Google pour vérifier les chiffres ci-dessus.

Le marteau de la vérité s'abat à nouveau pour révéler que le Canada a "l'un des taux de suicide par arme à feu les plus élevés du monde développé". Bien sûr, la réaction émotionnelle souhaitée ne serait pas atteinte si l'on incluait les chiffres réels impliqués : 16% des suicides sont commis par arme à feu. En incluant ce point, Donolo laisse entendre qu'il est préoccupé par l'utilisation d'armes à feu pour mettre fin à la vie d'une personne, alors que ses cohortes politiques prônent le suicide assisté par l'État. Sans tenir compte du fait qu'environ 300 000 Canadiens meurent chaque année de causes diverses, une toile idéologique de plus en plus embrouillée est tissée pour le lecteur en uniforme.

Donolo se penche ensuite sur des sujets dont il ne semble pas connaître grand-chose. Le commentaire comporte des affirmations farfelues et des conclusions à l'emporte-pièce. La première, selon laquelle "des contrôles raisonnables et efficaces des armes à feu ont été systématiquement détruits au niveau fédéral dans ce pays au cours de la dernière décennie", est manifestement sans fondement. En fait, une étude canadienne examinée par des pairs [Canadian Firearms Legislation and Effects on Homicide 1974 to 2008] a conclu qu'il n'existe aucune relation démontrable entre les lois canadiennes sur le contrôle des armes à feu et des aspects significatifs de la sécurité publique. Malgré l'incrédulité sans limite de l'autre camp, aucune donnée concurrente examinée par des pairs n'a été mise à disposition pour soutenir leurs affirmations. En tant qu'expert reconnu dans ce domaine, je peux vous assurer que le régime de contrôle des armes à feu au Canada est loin d'être "démantelé".

Sans se laisser décourager par l'absence d'un argument convaincant, il faut maintenant déployer le fidèle outil de la diffamation. Puisqu'il n'existe aucune information pertinente pour mettre en doute la réputation de Bob Zimmer, un député canadien respecté, il faut le comparer à une culture jugée toxique dans [encore] un autre pays. Pendant qu'il y est, il attire l'attention sur une organisation à but non lucratif qui produit du matériel éducatif pour aider les gens à comprendre si les armes à feu et les propriétaires d'armes autorisées représentent un risque disproportionné pour la sécurité publique (ce n'est pas le cas), en la décrivant comme la "Coalition canadienne pour les droits des armes à feu". Il est clair que la lecture du nom de l'organisation a été la limite de sa recherche.

Voici quelques faits qui méritent d'être pris en considération. Le Canada a un système de permis incroyablement intrusif et strict. Il n'existe aucune preuve au Canada qui démontre que les propriétaires d'armes à feu titulaires d'un permis représentent un risque important pour la sécurité publique. La grande majorité des lois canadiennes sur les armes à feu sont des règlements administratifs qui n'ont aucun effet sur le comportement des criminels. L'augmentation récente [de 44 homicides supplémentaires] par arme à feu en 2016 implique des gangs et d'autres activités criminelles, à l'exclusion de la fusillade proprement dite. Le nombre d'accidents par arme à feu entraînant la mort par an est presque identique au nombre de Canadiens tués par la foudre : environ neuf. Notez les chiffres étonnamment bas dans tous ces domaines alors qu'il y a 2,1 millions de propriétaires d'armes à feu autorisés et environ 14 à 20 millions d'armes en circulation. Il existe de nombreux pays où les armes à feu sont totalement interdites, et pourtant des dizaines de milliers de personnes sont tuées par balle. Comment toutes ces preuves contradictoires [et facilement vérifiables] sont-elles possibles ? Et qu'en est-il de cette culture toxique ?

La culture toxique qui ruine le Canada est une culture où il est permis d'induire en erreur, de mal orienter et de mentir carrément dans son propre intérêt ou pour des raisons idéologiques, une culture où personne ne sourcille lorsqu'il est témoin de ce type de comportement. Il y a maintenant 500 suicides de plus par an au Canada qu'en 2011. Tout cela est-il dû au fait que les Canadiens possèdent eux aussi des armes à feu ?

Si quelqu'un affirme que la possession d'armes à feu par des civils au Canada représente un risque inacceptable pour la sécurité publique, qu'il le prouve par des faits et des preuves, à la lumière d'une discussion mature et honnête. Heureusement, le gouvernement Trudeau s'est engagé à adopter une approche législative " fondée sur les faits ", de sorte que nous sommes confiants que tout cela va se régler.

 

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